Critique L'ange de Luis Ortega

Publié le 18 janvier, 2019 | par @avscci

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L’Ange de Luis Ortega

L’Ange est un biopic, retraçant les riches heures d’un certain Robledo Puch, un criminel argentin encore sous les barreaux à l’heure où paraissent ces lignes (c’est le plus ancien détenu du pays). Il faut dire que notre homme n’a pas lésiné pour se retrouver au ban de la société : en l’espace de quelques mois, il s’est rendu coupable de onze meurtres, pour ne rien dire de ses braquages, kidnappings ou viols. Autrement dit, une brute épaisse. Mais toute la force de cette histoire (et du film qui la retrace), c’est que justement ce criminel sans foi ni loi possède un visage d’ange. Il faut dire qu’il n’est qu’un gamin, ses forfaits ayant été perpétrés alors qu’il n’avait pas vingt ans. La logique voudrait dans ces circonstances qu’il appartienne à un milieu défavorisé, qu’il ait lui-même été abusé à plus d’une reprise ou qu’il ait subi nombre d’humiliations. Rien de tout cela, c’est apparemment un bon garçon, qui vit encore chez ses parents. C’est évidemment dans ce grand écart entre le fait-divers et le terreau sociologique habituel dans lequel les films du genre font pousser leurs racines que se situe la force du film. Qui ne tente pas la moins du monde à en rajouter, le personnage se suffisant à lui-même. Qui ne tente pas non plus à chercher des explications psychiatriques, le mystère n’en étant que plus troublant. On sent qu’un SCORSESE aurait jubilé si le susdit personnage avait usé ses fonds de culottes dans un coin de Brooklyn. Mais justement L’Ange est à l’opposé du baroque de SCORSESE, et son signataire ne cherche pas particulièrement à profiter de l’aubaine pour brosser le tableau de la société argentine de la fin des années 60, ni à jouer la carte de la transgression en nous rendant complices des actes de violence. La réalisation est même assez sèche, clinique. Se tenant à distance de ce personnage hors norme, sans céder à sa séduction, mais sans se priver non plus de susciter chez le spectateur des sentiments évolutifs.

Yves Alion

El Angel. Film argentin de Luis Ortega, avec Lorenzo Ferro, Chino Darin, Mercedes Moran. 2h06.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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