Critique Jojo Rabbit de Taika Waititi

Publié le 3 février, 2020 | par @avscci

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JoJo Rabbit de Taika Waititi

Rondouillard mais sympathique, Jojo Rabbit a la particularité d’avoir pour ami imaginaire… Adolf Hitler. Ce dont personne ne peut lui tenir grief dans l’Allemagne du Troisième Reich où, avec ses petits camarades, plus conformes à l’idéal physique aryen, il goûte aux plaisirs de l’endoctrinement de masse. Rares sont les comédies qui ont osé rire du nazisme, à l’exception notable de Charlie Chaplin dans Le Dictateur (1940), Ernst Lubitsch dans To Be or Not to Be (1942) et de Mel Brooks dans Les Producteurs (1967). Non seulement Taika Waititi signe la comédie la plus politiquement incorrecte du moment, mais il se réserve le rôle du Führer fantasmé. Comme pour mieux assumer son forfait. Jojo Rabbit est une satire décapante qui ose tout avec une détermination sans failles. Son héros est un petit bonhomme mal dans sa peau qui noie dans la collectivité son besoin de s’intégrer. Jusqu’au moment où il découvre que sa mère cache une jeune fille juive dans son grenier. Soucieux de s’adresser au plus vaste public possible, au sein d’une population pour qui la Seconde Guerre mondiale est en passe de devenir une abstraction de plus en plus floue, le scénario brasse intelligemment des stéréotypes pour livres scolaires (un stage des Jeunesses hitlériennes filmé comme un camp scout de Wes Anderson, avec atelier… autodafé !) et la figure iconique d’Anne Frank. En filigrane, le film propose une formidable réflexion sur les ravages du conformisme. Et surtout, il emprunte les outils du cinéma le plus populaire pour séduire le public a priori le plus éloigné de son propos : la jeunesse actuelle.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Taika Waititi (2019), avec Roman Griffin Davis, Thomasin McKenzie, Scarlett Johansson, Sam Rockwell 1h48. Sortie le 29 janvier.




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