Publié le 8 janvier, 2020 | par @avscci
0Jésus de Hiroshi Okuyama
De la foi, on affirme parfois qu’elle peut déplacer des montagnes. Quand Yura quitte Tokyo avec sa famille pour se rapprocher de sa grand-mère, c’est dans une institution catholique que ce petit laïc va poursuivre sa scolarité. Cette immersion dans une culture étrangère va déclencher en lui des phénomènes inexplicables lorsqu’il va voir se matérialiser le fils de Dieu en personne et que certains de ses souhaits vont s’exaucer comme par miracle. Loin d’être un film cynique ou moqueur, le premier long métrage d’Hiroshi Okuyama est une sorte de miracle de pureté et d’innocence qui adopte le point de vue de son jeune protagoniste, à la fois perturbé par son déracinement et émerveillé par cette religion pleine de mystères qui repose sur des symboles forts. Jésus est un conte atypique mais dépourvu de prosélytisme qui témoigne paradoxalement de la maturité déconcertante de son metteur en scène de 23 ans, lequel assume aussi les fonctions de scénariste, de chef opérateur et de monteur, comme pour mieux maîtriser chacun des aspects de ce film dans lequel il a mis beaucoup de lui-même. Si imagerie il y a, elle n’est jamais sulpicienne et témoigne plutôt de la puissance que peut représenter le cérémonial liturgique aux yeux d’un enfant confronté brusquement à une religion dont il ignore tout. Une expérience d’autant plus étrange que les références auxquelles nous renvoie ce récit initiatique d’un dépouillement exemplaire jusque dans sa durée sont à chercher davantage du côté de certains opus de Hayao Miyazaki ou de Notre petite sœur d’Hirokazu Kore-eda que du cinéma japonais traditionnel.
Jean-Philippe Guerand
Boku Wa Iesu-sama Ga Kirai Film japonais de Hiroshi Okuyama (2019), avec Yura Sato, Riki Ôkuma, Chad Mullane 1h16. Sortie le 25 décembre 2019.