Critique Gueule d'ange de Vanessa Filho

Publié le 25 mai, 2018 | par @avscci

0

Gueule d’ange de Vanessa Filho

L’enfance maltraitée est définitivement l’un des axes du dernier Festival de Cannes (nous reparlerons du très beau Capharnaüm, de Nadine Labaki lors de sa sortie). Cette Gueule d’ange n’est pas parfait, mais restera sans aucun doute dans toutes les mémoires… Ce portrait croisé d’une mère totalement à côté de ses pompes, qui semblent cultiver l’irresponsabilité comme l’un des beaux-arts, une bimbo décolorée qui est faite pour être mère comme Harvey Weinstein pour entrer dans les ordres, et sa fille de huit ans, qui cherche tant bien que mal à colmater les brèches, est pour le moins saisissant. Dans un premier temps, on se demande si ce n’est pas la fillette la plus adulte des deux… Et puis la mère disparaît, un béguin soudain à la sortie d’une boite de nuit, et la gamine perd pied… Il y a du mélo, du tire-larmes dans ce film que le spectateur est invité à regarder à travers les yeux de la petite fille. Il y a aussi de belles prestations d’acteurs. Marion Cotillard s’est manifestement régalée à jouer les pétasses, quitte à en faire parfois un poil trop. Mais il est vrai qu’en termes de débordements humains et de déchéance profonde, la réalité bat souvent la fiction à plate couture. Mais c’est la petite Ayline Aksoy-Etaix qui nous subjugue. Le mélange de force et de faiblesse, la volonté de jouer les grandes pour aussitôt retrouver les postures de l’enfance nous émeuvent au plus haut point. La petite faiblesse du film réside davantage dans la façon dont sont gérés les flottements des personnages, qui se répercutent en flottements narratifs que la réalisatrice ne gère pas nécessairement au mieux. Mais ce n’est que péché véniel. Il y a fort à parier que ce premier film en appellera d’autres…

Yves Alion

Film français de Vanessa Filho (2018), avec Marion Cotillard, Ayline Aksoy-Etaix, Alban Lenoir. 1h48.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




Back to Top ↑