Critique Destroyer de Karyn Kusama

Publié le 22 février, 2019 | par @avscci

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Destroyer de Karyn Kusama

Un agent du FBI est infiltré chez les dealers. La manœuvre tourne très mal. Un flic solitaire, aigri, porté sur l’alcool, est hanté par ses échecs et son vieillissement, mais aussi par la dégradation de ses rapports avec son enfant qui s’éloigne. Karyn Kusama combine les deux récits en un seul. Nicole Kidman est cette combattante blessée, traumatisée à vie par le gâchis sanglant de son ancienne mission et décidée des années après à traquer les gangsters d’autrefois. Fascinée de son propre aveu par Point Break (1991) de Kathryn Bigelow (une autre histoire d’infiltré), Karyn Kusama l’est aussi par Los Angeles. Elle fait parcourir cette ville interminable, inépuisable, par une Kidman mélancolique et violente, amère et survoltée, dans un itinéraire de vengeance contre les autres et contre elle-même qui dépasse largement la moyenne des thrillers formatés. La banalité apparente des ingrédients proposés est transcendée par une comédienne géniale, vieille alcoolique et jeune beauté à ses débuts dans le même film. Transcendée aussi par une mise en scène quasi onirique, dont la poésie et la violence évoque parfois Michael Mann. Kusama est née à Brooklyn en 1968 et débuta en 2000 avec Girlfight. Michelle Rodriguez y était la première lutteuse d’une longue série. Dans Destroyer, les retours en arrière ne sont jamais mécaniques, le montage du passé et du présent est d’une habileté et d’une plasticité inhabituelle. Nicole Kidman ne respire jamais, nous non plus : le thriller est efficace, impossible de décrocher du récit. Que demande le peuple ?

René Marx

Film américain de Karyn Kusama (2018), avec Nicole Kidman, Tony Kebell, Sebastian Stan, Tatiana Maslany. 2h.




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