Critique Companeros d'Alvaro Brechner

Publié le 3 avril, 2019 | par @avscci

0

Compañeros d’Alvaro Brechner

On a admiré, à partir de 2010, le petit pays qu’est l’Uruguay parce qu’il avait élu José Mujica président de la république. Le président le plus vertueux, le plus sympathique, le plus courageusement politique du monde. Il a légalisé l’avortement, le mariage pour tous et le cannabis, augmenté les dépenses sociales, fait baisser très nettement le chômage et la pauvreté. Il versait 90% de son salaire au logement social et vivait dans une petite ferme avec son épouse (aujourd’hui vice-présidente du pays) et deux policiers pour toute garde présidentielle. On savait moins qu’il était resté douze ans (1973-1985) dans des prisons épouvantables, dont deux au fond d’un puits, torturé, mais toujours en contact avec ses deux camarades, Fernández Huidobro et Mauricio Rosencof. Ils correspondaient en tapant sur les parois de leur cellule, en messages codés. Ce sont ces douze années terribles que raconte ce film, avec trois comédiens impeccables, tout étant filmé du point de vue des détenus-otages, leur souffrance, leur terreur, leur fermeté, leur conviction inébranlable. Le pari cinématographique est impressionnant, la réalité historique rencontrant un défi formel : comment représenter la captivité aveugle et sourde, l’obstination de vraies consciences politiques, comment éclairer, cadrer, monter les plans qui raconteront cette histoire vraie. C’est cette réussite-là qui force l’admiration, inséparable du message militant. L’Uruguay : trois millions d’habitants et quelques leçons à donner au monde d’aujourd’hui. 

René Marx  

Film franco-argentino-espagnolo-urugayen d’Alvaro Brechner (2018), avec Antonio De La Torre, Chino Darín, Alfonso Tort. 2h02.




Back to Top ↑