Critique Cinq et la peau de Pierre Rissient

Publié le 30 mai, 2018 | par @avscci

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Cinq et la peau de Pierre Rissient

Le destin est parfois particulièrement cruel. C’est au moment où le monde cinéphile s’apprête à reparler de Pierre Rissient (Cinq et la peau a été présenté à Cannes, avant de ressortir en salle et d’être édité en DVD dans un superbe coffret) que celui-ci disparait. Avant d’être cinéaste, cet homme de l’ombre du 7è Art était peut-être le plus éminent de tous les intermédiaires, qui a côtoyé les plus grands (il avait été à l’origine d’une soirée avec Lang, Ford et Walsh !) et pouvait à juste titre se targuer d’avoir été pour beaucoup dans l’émergence de certains cinéastes de talent (Campion, Kiarostami, Brocka). Mais il a aussi été assistant de Godard (sur A bout de souffle), avant de signer deux longs métrages, dont l’un reste inédit. Cinq est la peau est donc l’unique moyen de connaître Rissient cinéaste. C’est peu dire que le film sort des sentiers battus. Entre la fiction, le documentaire, le film d’art et la journal intime, cette ballade dans Manille (Philippines) nous invite à suivre les pas d’un occidental (qu’interprète avec une rare grâce Féodor Atkine, alors en pleine période rohmérienne) dans les musées, les quartiers chics, mais aussi les bidonvilles de la capitale. Film-poème plus que pure fiction, Cinq et la peau est une œuvre sensuelle (l’attirance du héros pour les femmes n’étant pas anecdotique), pleine de références artistiques (notamment cinématographiques) et d’amour pour cette terre étrangère qui n’est pas parmi les destinations touristiques les plus courues, et définitivement en liberté.

Yves Alion

Film français de Pierre Rissient (1981), avec Féodor Atkine, Eiko Matsuda, Gloria Diaz. 1h35.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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