Critique Bohemian Rhapsody de Bryan Singer

Publié le 3 novembre, 2018 | par @avscci

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Bohemian Rhapsody de Bryan Singer

Les biopics constituent évidemment une voie royale pour redonner vie à des idoles défuntes et à agglomérer l’espace d’un film les moments héroïques d’une vie le plus souvent hors du commun. Ceux qui concernent des musiciens ont en outre l’avantage de nous offrir quelques frissons supplémentaires, véhiculés par une bande-son concoctée avec amour. Si l’on en reste au domaine du rock, après Dylan, Hendrix, les Beatles, les Beach Boys, James Brown, les Doors ou Elvis Presley (liste non exhaustive), voici Queen. Original sur le plan musical (un mélange de baroque, de rock progressiste, de glam et de hard à ses débuts, qui se mêlera par la suite de funk, voire de disco), le groupe l’était également quant à son image, le look décadent des débuts laissant la place à une imagerie presque macho dès lors que le chanteur, Freddy Mercury assumera (paradoxalement) sa bi-sexualité. Pour toutes ces raisons (et bien sûr pour son talent), le groupe s’inscrira au panthéon du rock… Cette chatoyance, mais aussi les incertitudes d’un groupe dont la cohésion était à géométrie variable, les tentations de Freddy Mercury de s’éloigner des autres, le film en rend très bien compte. Tout comme il témoigne du processus de création (la façon dont Queen invente We will rock you vaut la délicieuse scène de Love and Mercy où Brian Wilson met en place l’indépassable Good Vibrations). Bryan Singer sait également rendre compte de la complexité de la personnalité de Freddy Mercury, tiraillé dans tous les sens par de multiples démons (quitte à laisser entendre que les autres membres du groupe étaient très pépères). Le film est parfaitement construit pour épouser la ligne dramatique d’un triomphe artistique qui se dissout dans les égos et la drogue, avant le sursaut final sur lequel nous restons bouche bée. En l’occurrence, il s’agit du concert de Wembley (dans le cadre du Live aid) en 1985. Chapeau au réalisateur et aux comédiens : la reconstitution est impeccable et le concert magnifique (on lui en laisse le temps). Même s’il a fallu pour l’occasion forcer un peu le bras à la véritable histoire du groupe, qui s’est plutôt dissout après Wembley… Admettons que ces petits arrangements avec la réalité ne sont que vétilles et reconnaissons à Rami Malek d’avoir su pendant plus de deux heures réussi à nous faire croire qu’il était Freddy Mercury. A tel point que l’on se demande si l’on parviendra jamais à le voir sous d’autres traits…

Yves Alion

Film américain de Bryan Singer (2018), avec Rami Malek, Lucy Boynton, Aaron McCusker. 2h15.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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