Critique Blindspotting de Carlos Lopez Estrad

Publié le 2 octobre, 2018 | par @avscci

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Blinspotting de Carlos Lopez Estrada

À trois jours de la fin de sa liberté conditionnelle, Collin est bien décidé à tourner la page et à faire profil bas. Témoin involontaire d’un acte de violence policière pendant ce compte à rebours dont dépend son salut, il va devoir toutefois agir pour rester en paix avec sa conscience. Prix de la critique au dernier Festival de Deauville après avoir été révélé quelques mois plus tôt à Sundance, Blindspotting est un film indépendant pur jus dont le scénario a été inspiré à ses deux interprètes principaux par des événements dont ils ont été témoins dans leur ville d’Oakland. Une douzaine d’années ont été nécessaires pour que le projet arrive à son terme pendant lesquelles il a mûri dans l’esprit de ses initiateurs qui ont embarqué avec eux un réalisateur d’origine mexicaine sensibilisé par leurs thématiques. Ses thèmes semblent pourtant d’une actualité brûlante. Au-delà de la violence urbaine et d’une certaine fatalité sociale qu’il décrit, ce film âpre mais jamais complaisant s’attache au phénomène de la gentrification à travers l’amitié de deux copains que leur activité de déménageurs conduit à entrer malgré eux dans l’intimité de leurs clients d’un jour. Daveed Diggs et Rafael Casal sont littéralement habités par ces personnages qu’ils connaissent mieux que quiconque et qu’ils dépeignent comme des combattants ordinaires aux prises avec une société ni vraiment accueillante ni franchement hostile. À travers eux, c’est un ascenseur social en panne dont ils inspectent les rouages.

Jean-Philippe Guerand 

Film américain de Carlos Lopez Estrada (2018), avec Daveed Diggs, Rafael Casal, Janina Gavankar. 1h35.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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