Critique Ce qui reste de Zohra Berrached

Publié le 16 août, 2021 | par @avscci

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Ce qui reste d’Anne Zohra Berrached

De prime abord, ce film est une histoire d’amour idyllique entre une jeune étudiante en médecine issue de la communauté turque d’Allemagne et un jeune homme libanais charismatique qui semblaient destinés l’un à l’autre. Ce couple idéal, on suit sa rencontre, sa complicité grandissante, son mariage et ces épreuves initiatiques que constituent les présentations aux parents et aux amis de l’un et de l’autre, avec ces secrets de famille qui hésitent à se dévoiler. Anne Zohra Berrached nous fait pénétrer dans l’intimité de ces jeunes gens qui possèdent tous les atouts pour connaître un destin idéal, à l’approche de cet an 2000 qui a nourri leurs illusions depuis leur naissance. Car au-delà de ces personnages attachants, Ce qui reste dessine la chronique d’une Allemagne métissée où l’immigration constitue un pari sur l’avenir et une promesse d’ascension sociale, passé le choc d’une réunification parfois douloureuse. Présenté à la Berlinale en 2020, Ce qui reste prend toutefois une épaisseur inattendue qui contraint le spectateur à effectuer un véritable flash-back afin de comprendre comment la mise en scène a pu le tenir en haleine pendant plus de deux heures en le menant vers un but aussi déroutant. Anne Zohra Berrached décrit en filigrane une époque de progrès et choisit pour cela deux immigrés particulièrement bien intégrés, ne serait-ce que parce qu’ils évoluent dans des milieux sociaux favorisés et profitent de l’expansion économique allemande sans souffrir du moindre ostracisme. Quant à “ce qui reste”, c’est l’espoir ténu qui baigne ce film aussi solaire que crépusculaire.

Jean-Philippe Guerand

Die Welt wird eine andere sein Film germano-français d’Anne Zohra Berrached (2021), avec Canan Kir, Roger Azar, Jana Julia Roth, Özay Fecht 1h59. 




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