Critique

Publié le 2 juin, 2022 | par @avscci

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Ça tourne à Saint-Pierre et Miquelon de Christian Monnier 

Le cinéma aime à se regarder le nombril. C’est une fois le plus le cas dans Ça tourne à Saint-Pierre et Miquelon où une actrice populaire voir la possibilité de donner un nouvel élan artistique à sa carrière quand un réalisateur célèbre pour ses films d’auteur lui propose de la rejoindre à l’autre bout du monde pour être la vedette de son prochain film. Sur place, elle constate que le génie est muré dans sa solitude créatrice et profite de sa liberté pour partir en quête de ses origines. Une quête existentielle façon L’Avventura de Michelangelo Antonioni qui ne mène pas du tout à l’objectif initial. C’est sur le ton de la comédie que Christian Monnier aborde ce film étrange qui ne séduit que grâce à la personnalité attachante de ses protagonistes. Philippe Rebbot excelle dans son personnage de génie dépressif dépassé par le culte dont il est l’objet, mi Leos Carax, mi Terrence Malick. Face à lui, la révélation du film est la chanteuse et comédienne Céline Mauge qui tient son propre rôle avec une bonne humeur communicative. C’est résolument sous le signe de la bienveillance et d’un humour plutôt tendre que se déroule cette histoire improbable qui tire sa singularité de son niveau de lecture à géométrie variable et d’une bonhomie parfaitement assumée. Là où le 7è Art a une certaine tendance à se statufier en perpétuant un folklore plutôt pittoresque qui a nourri sa propre légende aux yeux du grand public. Aux antipodes des Ensorcelés de Vincente Minnelli et de La Nuit américaine de François Truffaut, Ça tourne à Saint-Pierre et Miquelon apporte sa modeste pierre à l’édifice.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Christian Monnier (2021), avec Céline Mauge, Philippe Rebbot, Jules Sitruk, Adèle Lebon, Patrick Bouchitey, Claire Nadeau, Valérie Mairesse, Dominique Pinon. 1h35.




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