Critique

Publié le 27 février, 2024 | par @avscci

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Bye Bye Tibériade de Lina Soualem

Dans Leur Algérie, Lina Soualem filmait ses grands-parents paternels – ayant quitté leur Algérie natale pour s’installer en France – et interrogeait une vie de déracinement et de non-dits. Avec Bye bye Tibériade, elle s’intéresse cette fois à l’histoire de sa mère, la comédienne d’origine palestinienne Hiam Abbass, et des femmes de sa famille. Toujours animée du désir de revisiter un passé trop longtemps tu, elle confronte images d’archives, vidéos familiales et témoignages pour retracer le fil qui la relie à son arrière-grand-mère, chassée de son village palestinien en 1948. L’histoire familiale fait évidemment écho à celle de la région, et donne corps aux traumatismes qui l’accompagnent. Cette femme contrainte à l’exil, cette jeune fille séparée à jamais de sa famille, cette autre dont le rêve se brise en plein vol, incarnent les multiples destins similaires de tout un peuple. Mais la réalisatrice ne perd jamais de vue son sujet, et ne fait pas de sa famille le prétexte à un plaidoyer purement politique. Au contraire, elle utilise les différents régimes d’images au service de sa propre quête d’identité, brossant le portrait de femmes en lutte dans la lignée desquelles elle s’inscrit, et permettant à sa mère de trouver une forme d’apaisement à travers la transmission de sa propre histoire. Plus largement, la construction du film, et son montage patient et précis, reflète la manière dont les perceptions des différents membres de la famille s’entremêlent et forment une mille-feuille indicible de non-dits et d’émotions.

Marie-Pauline Mollaret

Film documentaire français de Lina Soualem (2023), avec Hiam Abbass, 1h22.




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