Critique

Publié le 23 avril, 2024 | par @avscci

0

Borgo de Stéphane Demoustier

Le cinéma n’est pas avare de films qui se déroulent en prison, le huis-clos a des vertus incomparables dès que la tension dramatique tutoie le paroxysme. Mais rares sont les films qui apportent ce sentiment d’authenticité qui se dégage de Borgo. Alors que le visage de la prison est ici des plus atypiques. Borgo (qui se situe en Corse, à deux pas de Bastia) offre en effet un cadre ouvert, où les détenus sont libres de circuler (à l’intérieur des murs de la prison), des détenus qui sont par ailleurs exclusivement corses. Pour son quatrième film, Stéphane Demoustier a choisi de partir d’un fait-divers pour brosser le portrait d’une gardienne de prison qui peu à peu entretient une relation coupable avec certains des truands dont elle a la garde. C’est ce lent glissement qui a visiblement intéressé le cinéaste, qui n’aime rien tant qu’isoler la part d’ombre et de mystère des personnages qu’il fait vivre à l’écran. Borgo est d’autant plus jubilatoire que la coexistence du polar et du mélodrame est harmonieuse, que la Corse est décrite avec beaucoup de respect (même si le film ne cèle rien de ses tentations mafieuses) et que la construction dramatique, sur plusieurs temporalités est aussi belle que la capacité du film à naviguer sans coup férir entre différents univers, différentes tonalités, différents genres. Au final un film intense, pétillant, qui ne se livre pas au premier coup d’œil, mais se mérite pour au final nous donner le sentiment que nous avons vu l’un des grands films de l’année…

Yves Alion

Film français de Stéphane Demoustier (2023), avec Hafsia Herzi, Moussa Mansaly, Louis Memmi. 1h58.




Back to Top ↑