Critique

Publié le 1 mai, 2024 | par @avscci

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Border Line de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas

Deux Vénézuéliens installés en Espagne décident de partir refaire leur vie aux États-Unis, en espérant que cette nouvelle terre leur permettra de retrouver une certaine harmonie conjugale. À leur atterrissage, ils sont interpellés par la police des frontières qui les soumet à un interrogatoire de routine qui prend bientôt un tour inattendu en mettant leur patience à rude épreuve. Le point de départ de Border Line s’appuie sur une expérience que la plupart des voyageurs étrangers débarquant aux États-Unis ont appréhendée sinon vécue. La particularité du film est de montrer comment les mots peuvent jeter le trouble et la suspicion dans un contexte de paranoïa aiguë qui s’inscrit dans l’Amérique de Donald Trump à travers sa méfiance des migrants. Par son économie de moyens, le respect de la règle des trois unités et son sujet circonscrit à une poignée de personnages et à un minimum de décors, Border Line possède toutes les caractéristiques inhérentes à l’exercice de style. Vásquez et Rojas opposent à ce couple presque comme les autres de simples fonctionnaires chargés d’appliquer une procédure qui peut aisément devenir un piège diabolique, pour peu qu’on ne la prenne pas suffisamment au sérieux. Ce que dénonce le film, c’est le grain de sable qui grippe les rouages de la machine. Il y a quelque chose de kafkaïen dans cet engrenage qui se déclenche sur un malentendu et s’appuie sur la division des suspects pour les transformer en coupables idéaux. La mécanique est implacable et son ordonnancement mis en scène avec une virtuosité qui ne s’affiche jamais de manière trop ostentatoire.

Jean-Philippe Guerand

La Llegada. Film espagnol de Juan Sebastián Vásquez et Alejandro Rojas (2022), avec Alberto Ammann, Bruna Cusi, Ben Temple, Laura Gómez 1h17.




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