Critique

Publié le 11 janvier, 2024 | par @avscci

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Bonnard, Pierre et Marthe de Martin Provost

Si ses films ne traitent pas uniquement de peinture, loin de là, Martin Provost restera sans doute longtemps comme étant le signataire de Séraphine, portrait de Séraphine de Senlis (1864-1942), une femme peintre dont l’œuvre est rattachée à l’art naïf. Incarnée à l’écran par Yolande Moreau, l’artiste était lors de la sortie du film en 2008 sortie d’un relatif oubli. Avec Bonnard, Pierre et Marthe le cinéaste ressort ses pinceaux… Si Pierre Bonnard a une reconnaissance que Séraphine de Senlis n’a jamais connue, il n’en est pas de même de sa femme Marthe, peintre elle aussi, mais avant tout sa muse, modèle d’une partie importante de ses tableaux, une femme un peu mystérieuse, un peu rebelle, que Martin Provost s’est fait un plaisir de faire revivre sous les traits de Cécile de France, plus solaire que jamais. Le film est évidemment une réflexion sur l’art, sur cette inspiration qui conduit un peintre (un romancier, un cinéaste…) à écouter sa voix intérieure pour livrer ensuite une œuvre au public dont on ne sait pas vraiment les tenants. Mais c’est aussi une très belle histoire d’amour, une histoire compliquée, faite de pleins et de déliés. Mais dont les heures les plus belles sont restées gravées dans la mémoire du peintre, comme elles le seront sans doute dans celle des spectateurs. Et Martin Provost leur a donné un lustre qui confine à la magie, quand les deux amants se jettent nus dans la rivière, ode panthéiste à la nature triomphante. Cette scène dont le vieil homme se souviendra au soir de sa vie, quand il réalise, et nous avec lui, que la vie s’écoule comme du sable à travers les doigts…

Yves Alion

Film français de Martin Provost (2023), avec Cécile de France, Vincent Macaigne, Stacy Martin, Anouk Grinberg, 2h03.




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