Critique

Publié le 1 avril, 2022 | par @avscci

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Azuro de Matthieu Rozé

Le premier long métrage réalisé par le comédien Matthieu Rozé commence par une faute d’orthographe. Azuro, en italien, cela n’existe pas. Le mot exact c’est Azzurro. Et le cinéaste choisit ce titre volontairement, pour marquer une sorte de légèreté, de désinvolture tranquille qui fait tout le charme de son film. On est en Méditerranée, mais on ne sait pas exactement où. Les conflits et les secrets, qui pourraient tourner mal, gardent une sorte de douceur, comme s’il faisait trop chaud sur cette plage pour prendre le monde au tragique. On n’est pas obligé de se rendre compte de suite qu’il s’agit d’une adaptation du roman de Marguerite Duras, Les Petits Chevaux de Tarquinia. Alors que le cinéaste est très fidèle au récit de la romancière, et particulièrement à ses dialogues. Mais sa manière, sensuelle, amicale, qui existe évidemment dans l’univers de Duras, s’éloigne fort du ton du cinéma durassien. Elle savait rire, avoir de l’humour, accordait de l’importance à la chaleur, à la volupté, à la cuisine, au soleil, mais on oublie trop souvent cet aspect de sa sensibilité. C’est la grande qualité du film de Rozé, et le talent d’une troupe de comédiens impeccables, de trouver ce chemin particulier pour un film qui fait penser, et pas par hasard, à Une fille facile, de Rebecca Zlotowski (2019). Même décors méditerranéens, même directeur de la photographie, George Lechaptois, même acteur pour jouer le séducteur venu d’ailleurs, Nuno Lopes. Cette parenté n’est pas gênante, car Rozé a vraiment une voix particulière, originale. Au sens fort du mot, Azuro est un film charmant.

René Marx

Film français de Matthieu Rozé (2021), avec Valérie Donzelli, Thomas Scimeca, Yannick Choirat, Maya Sansa, Nuno Lopes et Florence Loiret Caille. 1h45




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