Critique

Publié le 24 mars, 2024 | par @avscci

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Averroès et Rosa Parks de Nicolas Philibert

Au sein du Pôle psychiatrique Paris-Centre, Averroès et Rosa Parks sont deux unités médico-psychologiques de l’hôpital Esquirol, naguère connu comme l’asile de Charenton. Le premier plan du film donne un aperçu aérien de l’étendue de cette ville dans la ville nichée au milieu des arbres. Nicolas Philibert s’y est installé pour prolonger le propos de son film précédent, Sur l’Adamant, Ours d’or à la Berlinale 2023. Il se concentre cette fois sur les entretiens individuels et les réunions de groupe qui réunissent soignants et soignés afin de faire circuler la parole dans un objectif thérapeutique. Lorsque la parole se libère dans ce climat de confiance, on mesure à quel point la frontière est mince entre les gens en proie à des pathologies mentales et celles et ceux qui veillent sur eux. Ce sont aussi des voix rares et précieuses qu’écoute le réalisateur attentif de La Moindre des choses (1997). Nicolas Philibert joue en quelque sorte le rôle d’un confesseur face à ces gens inadaptés à la société pour qui toute sortie constitue une véritable épreuve de vérité, mais le plus souvent parfaitement conscients de leur état et capables d’en relater précisément les multiples étapes. Jamais deux sans trois : la trilogie trouve spontanément son pan final sous la forme d’un film plus bref dont le fil rouge est constitué par l’Orchestre, des bricoleurs du quotidien qui interviennent chez les patients pour y effectuer de menues réparations en établissant avec eux un lien qui va bien au-delà. Composé d’une série de vignettes, La Machine à écrire et autres sources de tracas sortira le 17 avril.

Jean-Philippe Guerand

Film documentaire français de Nicolas Philibert (2024). 2h23.




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