Critique

Publié le 21 octobre, 2023 | par @avscci

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Anselm (le bruit du temps) de Wim Wenders

La 3D, Wim Wenders y avait goûté pour la première fois avec Pina (2011). À l’époque, il avait même déclaré qu’il ne pourrait plus jamais revenir au cinéma en deux dimensions. Les impératifs commerciaux en ont décidé autrement. Il y revient aujourd’hui alors que la technologie a accompli des progrès considérables en allégeant le processus. En attendant ce fameux relief sans lunettes qui semble désormais imminent, le cinéaste allemand creuse son sillon documentaire en s’attachant à la personnalité de l’artiste plasticien Anselm Kiefer, de trois mois son aîné, célèbre pour ses œuvres monumentales, son travail sur la matière et un sens certain de la provocation. Wenders filme sous toutes les coutures son compatriote installé en France depuis trente ans. Il exploite en outre les ressources esthétiques de la 3D pour rendre compte de la singularité de son œuvre, qu’il collecte des éléments dans l’entrepôt qu’il a acheté à la Samaritaine, consulte des ouvrages ou achève une œuvre au lance-flammes. L’artiste est aussi représenté enfant puis adolescent sous les traits de deux interprètes nommés… Kiefer et Wenders. Détail révélateur de la complicité qui unit l’artiste à son modèle, sans qu’on sache exactement qui est qui. Anselm est un film abyssal qui rejoint dans l’histoire du cinéma le fameux Mystère Picasso (1956) d’Henri-Georges Clouzot par la personnalité atypique de son créateur controversé et devenu une légende de son vivant en étant exposé dans les plus grands musées du monde.

Jean-Philippe Guerand

Das Rauschen der Zeit. Film documentaire germano-français de Wim Wenders (2023), avec Anselm Kiefer, Daniel Kiefer, Anton Wenders. 1h33.




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