Critique

Publié le 29 mai, 2024 | par @avscci

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Adam change lentement de Joël Vaudreuil

Premier long métrage du réalisateur québécois et autodidacte Joël Vaudreuil, Adam change lentement a été réalisé dans une toute petite économie au sein du studio montréalais Parce Que Films. Pensé comme une chronique adolescente souvent plus amère que douce, voire franchement cruelle à certains endroits, le film suit le personnage d’Adam, quinze ans, qui subit de plein fouet la violence du monde en général et de son entourage en particulier. Complexé et renfermé, il est le souffre-douleur de sa grand-mère (qui va jusqu’à l’insulter depuis l’au-delà) et de ses camarades de lycée, ce qui a induit chez lui un étrange pouvoir : son corps se modifie spontanément en fonction des remarques et des moqueries dont il est l’objet – ne faisant que renforcer son sentiment d’isolement et d’incompréhension face à l’existence. Mais malgré un contexte pas très joyeux, le récit parvient à garder une approche relativement légère qui rend compte de l’absolue absurdité de cette période de la vie que traverse le personnage, qui n’est au fond qu’un (très) mauvais moment à passer. Joël Vaudreuil revendique ainsi un humour assez cinglant et ironique, parfois franchement noir, qui déforme volontairement les situations pour créer à la fois de l’empathie et du rire, mais aussi une forme de réflexion sur la stupidité et la brutalité du quotidien. Visuellement, le trait très simple et l’animation épurée viennent accompagner le mouvement en apportant une distance salutaire qui se double d’une véritable poésie de la banalité.

Marie-Pauline Mollaret

Film d’animation québécois de Joël Vaudreuil (2023), 1h36.




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