Critiques DVD Flesh Gordon de Michael Benveniste

Publié le 29 mai, 2021 | par @avscci

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Actu dvd mai 2021 – Quatre films de SF

On connaissait Flash Gordon, super-héros de serial et de bande dessinée né dans les années 1930 et devenu célèbre en France sous le nom de Guy l’Éclair. Flesh Gordon (1974) constitue en quelque sorte son pastiche érotique. Au point que le film dut être remonté en son temps pour passer du classement X infâmant à un R (Restricted) plus propice à une carrière commerciale digne de ce nom. Son humour potache émaillé de jeux de mots et d’allusions salaces rapproche le film des parodies désopilantes auxquels se livraient à la même époque les sales gosses de la troupe du Kentucky Fried Theater et du magazine National Lampoon. C’est dire que rien n’y semble tabou et que trop n’y est jamais assez. Mort à 36 ans en 1982, Michael Benveniste avait déjà signé le film de montage Hollywood Blue (1970) et fait équipe avec son compère Howard Ziehm pour deux autres comédies adultes, Mona : The Virgin Nymph (1970) et Harlot (1971), sous le pseudo de Mike Light. Le film est accompagné des commentaires de Ziehm, qui a poursuivi quant à lui dans cette veine sous d’innombrables identités et signé en 1990 Le Retour de Flesh Gordon, son dernier opus à ce jour. Figure aussi une présentation de Claude Gaillard qui restitue toute l’audace des années 1970.

Apocalypse 2024 de L Q JonesApocalypse 2024 (1975) fait partie de ces films baignés par l’air du temps post-soixante-huitard qui utilisent le futur comme un miroir tendu au présent. En l’occurrence, une guerre mondiale ayant ravagé la planète en 2017, un jeune homme (campé par Don Johnson, la future star de la série Deux Flics à Miami) survit en compagnie de son chien avec lequel il communique par télépathie, sans se douter que quelques privilégiés profitent de la situation, planqués sous la terre. La comparaison est assez tentante de prime abord avec Mad Max, à cette nuance près que le film de George Miller a tout de même été tourné quatre ans après celui de L. Q. Jones qui s’inspire quant à lui d’une nouvelle de l’écrivain de science-fiction Harlan Ellison, contributeur régulier pour de nombreuses séries télévisées. Auteur d’un premier long métrage intitulé The Devil’s Bedrooom (1964), le réalisateur a adopté comme pseudonyme le nom du personnage qu’il incarnait dans son premier film en tant qu’acteur, Le Cri de la victoire (1955) de Raoul Walsh. Jones revient sur sa démarche dans un entretien auquel est associé Ellison. Au moment même où David Lee Miller en prépare un remake en animation, ce film devenu culte bénéficie en outre ici d’une contextualisation intéressante assurée par Christian Lucas et Stéphane Derderian.

Anti Life de John SuitsIl fut un temps pas si lointain où la présence de Bruce Willis à n’importe quel générique suffisait à constituer un événement en soi. Faute d’avoir bénéficié d’une sortie en salles, Anti-Life a valu au héros charismatique de Piège de cristal et de L’Armée des douze singes une nomination peu reluisante au Razzie Award du plus mauvais second rôle masculin, associée à deux autres opus récents : Hard Kill et Survivre, également exploités en France en VOD et en vidéo. Auteur d’un court métrage publicitaire pour des piles intitulé… DieHard is Back (2020), John Suits signe ici un spectacle qui n’a d’autre ambition que de distraire en orchestrant un improbable affrontement entre un vaisseau spatial recyclé en arme par un apprenti mécanicien et une menace interstellaire non identifiée. L’erreur consisterait à prendre trop au sérieux ce spectacle ludique mitonné par un amateur de série B qui joue le jeu en s’appuyant sur un arsenal spectaculaire d’effets spéciaux. À savourer au énième degré et sans a priori.

SongbirdOn n’a sans doute pas épuisé le sujet de la Covid et la façon incroyable dont le virus a affecté la marche du monde. Songbird se situe en 2024. Le coronavirus a muté et le monde est désormais à l’arrêt. L’action du film se déroule à Los Angeles, dont les habitants sont soumis à un confinement strict (à l’exception, comme c’est le cas de notre héros, de ceux qui sont immunisés, et qui en profitent pour travailler comme livreurs). Mais un peu plus loin, un quartier de la ville a été laissé à l’abandon, regroupant tous les bannis de la société et autres personnages infectés. Comme un air de New York 1997 (ou du ghetto de Varsovie si l’on préfère). Cette dystopie avait de quoi exciter les imaginations. Mais nous sommes un peu floués. D’une part parce que la promesse de la mise en place d’un autre monde (haïssable) que nous aurions été invités à découvrir fait un peu long feu, et nous n’entrons même pas dans l’enclave de friche sociale isolée derrière de hauts murs. Ne fait pas Soleil vert qui veut… Le film se laisse néanmoins voir avec quelque plaisir, alors que nous suivons avec appréhension les mésaventures du héros qui doit braver bien des dangers pour rejoindre sa bien-aimée, enfermée à double tour à l’instar de ceux dont l’existence tient à un fil pandémique…

Flesh Gordon BQHL

Apocalypse 2024 Artus Films

Anti-Life / Songbird Metropolitan




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