Critique

Publié le 17 février, 2024 | par @avscci

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20000 Espèces d’abeilles de Estibaliz Urresola Solaguren

Estibaliz Urresola Solaguren fait preuve d’une sensibilité remarquable dans sa manière de dépeindre par petites touches l’été particulier de Coco, 8 ans, qui cherche à comprendre qui elle est, et plus encore à le faire comprendre à ses proches. Profitant de ses vacances au Pays basque espagnol, dans la famille de sa mère, pour tester sa véritable identité, elle navigue entre les leçons de religion de sa grand-mère, les cours d’apiculture de sa grand-tante, et les amitiés qui se tissent avec les enfants du village. Pensé comme une chronique estivale pleine de douceur et d’empathie, le film se construit très simplement autour de ces journées d’été rythmées par les après-midis à la piscine et les jeux en plein air dans une nature accueillante baignée de lumière – et leurs enjeux minuscules et démesurés à la fois. Plusieurs intrigues s’entremêlent ainsi, adoptant tantôt le point de vue de Coco, tantôt celui de sa mère, qui, à sa façon, doit aussi se débattre avec des questions d’identité, liées à l’héritage ambivalent de son père artiste et au désir de voler de ses propres ailes – ce qui probablement l’empêche de comprendre ce que traverse son enfant (probablement l’aspect le moins réaliste de l’intrigue, tant cela semble une évidence pour le spectateur). Plus qu’un récit de transition, la cinéaste fait ainsi celui du parcours que doit suivre l’entourage de Coco pour se mettre à sa hauteur et l’accompagner sur le chemin qu’elle a choisi, sans ne sombrer jamais ni dans le discours didactique ni dans la facilité du mélodrame. Car à travers le cas particulier de ces personnages confrontés à des questions d’identité extrêmement profondes, c’est notre capacité à trouver notre place dans nos familles, et par extension dans le monde, qu’observe le film avec sincérité et délicatesse.

Marie-Pauline Mollaret

20.000 especies de abejas, film espagnol de Estibaliz Urresola Solaguren (2023), avec Sofia Otero, Patricia López Arnaiz, Ane Gabarain, Itziar Lazkano, Sara Cózar… 2h05.




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