Critique 17 blocks de Dave Rothbart

Publié le 9 juin, 2021 | par @avscci

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17 Blocks de Dave Rothbart

Dire que Davy Rothbart a filmé pendant vingt ans la famille Sanford-Durant ne suffit pas. Car, dès le début de cette expérience, il a initié le jeune Emmanuel, alors âgé de neuf ans, à la manipulation du caméscope qui fut le premier outil de ce travail de mémoire. Cette famille de Washington, extrêmement pauvre, vivait à 17 pâtés de maison (17 « blocks ») d’un des centres du pouvoir planétaire, le Capitole. Paradoxe américain : la plus grande misère à quelques pas de la puissance suprême. Davy Rothbart s’attache sentimentalement à cette famille, une mère célibataire marquée par un lourd passé, des enfants aux chemins divergents et surtout ce petit garçon intelligent, entreprenant, plein d’espoir. Vingt ans après, le bilan est cruel : l’histoire a été brisée en plein milieu par une tragédie insupportable le soir du Réveillon de 2009. Et le cinéaste, à la demande expresse de la famille, n’a jamais cessé de filmer. Au-delà même du réquisitoire contre l’obsession des armes à feu, l’humiliation organisée d’une grande partie des citoyens américains, les retards infinis dans les décisions politiques, le film qui nous arrive aujourd’hui vaut pour une chaleur humaine exceptionnelle, capable de mettre au pas la douleur, les handicaps sociaux et historiques, les coups répétés du destin. Le courage, la ténacité, l’orgueil et la résistance, et finalement l’amour familial en dépit de tout. Tableau historique et intime, 17 Blocks est peut-être le plus beau film de cette rentrée (enfin) du cinéma dans les salles.

René Marx

Film documentaire américain de Dave Rothbart (2019), avec Emmanuel, Cheryl, Smurf, Denice et Justin Sanford-Durant. 1h35.




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