Critique

Publié le 21 septembre, 2022 | par @avscci

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Moonage daydream de Brett Morgen

Bien entendu, presque tout a déjà été dit sur David Bowie, que ce soit par la fiction (merci Todd Haynes) ou par les multiples documentaires ou ouvrages qui lui ont été consacrés. Mais cela n’a pas empêché Brett Morgen, grand documentariste, auteur notamment de The Kid Stays in the Picture, sur Robert Evans, de se lancer. Et il a une arme : des centaines d’heures inédites de l’artiste. Un cadeau qui ne change pas les données du problème : que dire sur Bowie en 22 ? Morgen a trouvé la solution en livrant un film qui aurait franchement pu s’appeler Being Bowie. Le réalisateur a en effet opéré, par le montage, en suivant un parti pris fort, qui l’a poussé en premier lieu à supprimer toute voix off. Pas de guide donc dans l’amas d’images proposées. Il y a certes un fil directeur, lié à la vie et carrière de la star, mais celui-ci se présente nu, sans explications. A la place, des entretiens de Bowie, des extraits de concerts, des instant volés. Le Bowie privé n’est guère présent, pas de ragots ici, et la plupart des images se rattachent à son travail et sa conception de l’art. Mais, progressivement, l’immersion enveloppe le spectateur. Perdu au milieu des pensées et des productions de l’artiste, on finit par se glisser petit à petit dans son parcours, sa vision, ses contradictions parfois flagrantes. Morgen cherche l’expérience, sensorielle et intellectuelle, capable de nous faire ressentir, même un court instant, ce que cela peut être de vivre dans la peau et les doutes de cet homme. Un pari compliqué, pas toujours tenu sur la longueur, mais fascinant et risqué, très bowien donc.

Pierre-Simon Gutman

Film documentaire anglais de Brett Morgen (2022), avec David Bowie. 2h22.




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