Livres Vendrès et le cinéma de Laurent Véray, Nouvelles éditions Place

Publié le 27 avril, 2018 | par @avscci

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Actu Livres – Cinéma et poésie, Nouvelles Éditions Place

L’aventure continue aux Nouvelles Éditions Place, celle du cinéma des poètes. La collection dirigée par Carole Aurouet avait déjà évoqué Aragon, Desnos, Michaux, Brunius, Fondane, Breton, Prévert, Queneau et nous en avions rendu compte avec intérêt dans L’Avant-Scène Cinéma. On annonce pour ce printemps Duras et Canudo. Voici déjà quatre nouveaux volumes. À chaque fois, on comprend combien les poètes du XXème siècle sont liés au cinéma par sa modernité. Le goût d’une avant-garde littéraire nourrie de surréalisme, de culture populaire changée de plomb en or, de fascination pour la vitesse, de rythmes nouveaux, colle nécessairement à l’art du siècle. Cendrars écrit en 1928 dans L’ABC du cinéma : « Au-dessus de la tête des spectateurs, le cône lumineux frétille comme un cétacé. Les personnages, les êtres et les choses, les sujets et les objets s’étirent de l’écran au foyer de la lanterne. Ils plongent, tournent, se pourchassent, se croisent avec une précision astronomique, fatale. Faisceaux. Rayons. Pas-de-vis prodigieux autour duquel tout tombe en spirale. Projection de la chute du ciel. Espace. Vie captée. Vie de la profondeur. » Max Jacob demeure ambivalent, fasciné par Charlot, qu’il dépeint en 1924 à la fois en tailleur d’habits juif polonais et en Till Eulenspiegel. Mais décrivant sa déception pleine d’espérances en 1933 : « Je ne pense rien du cinéma parce qu’il n’y a pas de cinéma. Depuis 30 ans on nous a promis un art cinématographique. Nous n’avons vu jusqu’à présent que des illustrations en mouvement. » Le très peu connu André Delons, mort à 31 ans pendant la drôle de guerre, poète lié au Grand Jeu de Vailland et Daumal, écrit beaucoup sur le cinéma pendant sa courte vie. De Tempête sur l’Asie, de Poudovkine, il dit en 1929 : « … mais il arrive qu’un film surgisse lentement et s’offre directement tel qu’il est, tel qu’il n’est pas, d’une grandeur et d’une beauté suffisante pour qu’il ne soit plus un instant question de lui substituer les belles couleurs de nos déceptions, pour qu’il ne soit plus possible de détourner ce qu’à poings nus il nous propose. » Nicole Vedrès, qu’on se rappelle le plus souvent par son Paris 1900 (1947) examine en profondeur les frontières entre fiction et actualités cinématographiques. Le livre qu’écrit sur elle Laurent Véray élargit les perspectives, ouvre le lecteur sur la pensée d’une poétesse de Saint-Germain-des-Prés. Quatre volumes qui font rêver et penser, donc. Et nourrit nos projections à venir.

René Marx

Vedrès et le cinéma, de Laurent Véray
Delons et le cinéma, de Karine Abadie
Jacob et le cinéma, d’Alexander Dickow
Cendrars et le cinéma, de Jean-Carlo Flückiger
Nouvelles Éditions Place




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