Critique

Publié le 17 mai, 2025 | par @avscci

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The Shameless de Konstantin Bojanov

Premier élément important : malgré ses thèmes, ses personnages, et son décor, The Shameless n’est pas vraiment un film indien. Son cinéaste, Konstantin Bojanov est en effet bulgare, et fut remarqué à la Semaine de la Critique il y a une dizaine d’années. Le financement est européen, à peine complété par quelques fonds indiens. Se pose alors la question du « western gaze », de la vision par un cinéaste étranger, des pays de l’Est, des coutumes et du quotidien d’une nation aussi radicalement différente que l’Inde. Et Bojanov ne se facilite pas la tâche en se concentrant sur les tabous de la société indienne, ceux qui qui ne sont pas filmés ou montrés dans le cinéma indien traditionnel, spécialement ses blockbusters chantés et spectaculaires. En contant l’histoire d’amour entre une prostituée en fuite et une adolescente fragile, l’auteur cherche clairement à positionner son long métrage comme une forme d’anti-Bollywood. Le regard du réalisateur ne peut échapper à une forme d’ethnologie dans sa description des quartiers ravagés des grandes villes indiennes, ou de ses communautés fermées. Bojanov contemple un monde qui n’est pas le sien, avec une vision un brin complaisante, ou fascinante selon le point de vue. L’œuvre finit néanmoins par être émouvante, moins par sa charge politique que par sa description de l’élément universel du récit, l’idylle entre les deux héroïnes, idylle frustrée et complexe. C’est lorsqu’il filme sa protagoniste, la scrute en train de tomber amoureuse d’une lycéenne de 17 ans presque malgré elle que Bojanov donne enfin à son récit une force universelle qui échappe au pittoresque de la description des bas-fonds de l’Inde.

P.-S. G.

Film franco-indien-bulgare de Konstantin Bojanov avec Mita Vashisht, Auroshikha Dey, Tanmay Dhanania. 1h54.




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