Substitution – Bing her back
Le vaste monde du cinéma est rempli de prodiges disparus du jour au lendemain,
spécialement dans le registre compétitif de l’épouvante. La gloire est ici fragile,
et c’est sans doute cet effacement auquel veulent échapper les frères Philippou,
qui sont passés, grâce au succès de leur premier long, La Main, du statut de
youtubeurs un peu « trash » à celui de jeunes cinéastes couvés et surveillés par
le monde entier. Voulant sans doute se surpasser, Ils ne lésinent pas, et
proposent une orientation graphique éloignée de leur premier opus, amenant
quelques séquences doloristes qui ne manqueront pas de faire parler (ce qui est
probablement l’objectif). Pourtant, il se passe aussi autre chose… En contant
cette histoire d’une femme prête à tout, y compris l’horreur la plus totale, pour
faire revenir son enfant décédée, les auteurs se souviennent de ce qui souvent
fait le prix des meilleurs récits d’épouvante, une souffrance mentale
insoutenable qui sous-tend les pires atrocités. Ils livrent ainsi, à travers le
personnage incarné par la formidable Sally Hawkins, le monstre le plus triste,
humain et déchiré de ces dernières années. Toute la réalisation, tout le principe
même du film, se situe ainsi sur une sorte de superposition, où la peine de cette
mère, et celle des deux protagonistes adoptés (pour des mauvaises raisons)
s’empilent l’une sur l’autre, Ils sont rejoints par un enfant hanté qui lui se
caractérise au contraire par son imperméabilité totale aux souffrances,
physiques ou psychiques qui terrassent les autres protagonistes.
Pierre-Simon Gutman
Film australien de Dany et Michael Pillippou (2025), avec Billy Barratt, Sally
Hawkins, Sora Wong. 1h44.