Critique

Publié le 21 juillet, 2025 | par @avscci

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Sorry baby

Victime d’une agression dont elle a du mal à se remettre, Agnès trouve du
réconfort auprès de son amie Lydie (Naomi Ackie) avec qui elle partage des
moments précieux d’insouciance qui l’encouragent à sortir de l’isolement dans
lequel elle s’était murée, faut d’être en mesure de verbaliser le traumatisme
qu’elle a subi et auquel elle associe un double sentiment irrationnel de honte et
de culpabilité. Née en France, l’ex-journaliste Eva Victor a défrayé les réseaux
sociaux à grands renforts de vidéos humoristiques avant de signer aujourd’hui un
premier film sous le signe de la réparation qui lui a valu le prestigieux prix Waldo
Salt du scénario au festival de Sundance. Sorry, Baby est moins une œuvre
féministe militante que la chronique compassionnelle d’un retour à la vie. Eva
Victor refuse le pathos au profit d’un voyage intérieur qui consiste à partager sa
blessure traumatique avec une amie. Dans cette chronique d’une rédemption, la
victime apparaît comme une héroïne de notre temps qui accomplit un travail sur
elle-même pour revenir à la vie et renaître à l’amour en recouvrant son pouvoir de
séduction souillé. Il est essentiel à cet effet que ce soit l’instigatrice du film qui
en tienne le rôle principal, conférant à travers cette implication supplémentaire
une indéniable valeur ajoutée à son propos. Bien que le cinéma accorde enfin
aujourd’hui aux violences sexuelles la place qu’elles méritent, si longtemps
occultée, Eva Victor exalte la nécessité de la sororité, associe volontiers le

charme à l’humour et choisit d’œuvrer dans la suggestion sans pour autant éluder
les questions qui fâchent.
Jean-Philippe Guerand.
Film américain d’Eva Victor (2025), avec Eva Victor, Naomi Ackie, Lucas Hedges,
John Carroll Lynch 1h44.




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