Reflet dans un diamant mort Hélène Cattet et Bruno Forzani
Hélène Cattet et Bruno Forzani forment l’un des duos les plus brillants et les plus passionnants du cinéma français depuis leurs débuts dans le court au début des années 2000, puis avec leurs inoubliables longs : Amer, L’Étrange Couleur des larmes de ton corps, Laissez bronzer les cadavres. Inlassablement, ils creusent le sillon d’un cinéma formaliste ultra-référencé qui replace le genre (giallo, série B) au centre du cinéma d’auteur le plus sophistiqué. On ne se lasse pas de leur écriture purement cinématographique, passant par un montage virtuose de plans souvent très courts qui crée un langage visuel unique. Dans leurs films, les frontières entre fiction et réalité, passé et présent, rêve et cauchemar sont généralement poreuses, plaçant le spectateur dans de délicieux abîmes de confusion. Leur quatrième long métrage ajoute à cette utilisation époustouflante de la forme et des temporalités floues une réflexion plus générale sur la masculinité, le recours à la violence et la figure du héros salvateur. En cela, il est peut-être le film le plus accessible des cinéastes, formidable porte d’entrée au reste de leur œuvre. Pour autant, ils n’abandonnent ni la déconstruction du récit, ni la flamboyance d’une narration qui ne cesse d’interroger notre rapport au cinéma et à ses codes. Le discours méta est en effet indissociable de Reflet dans un diamant mort qui convoque nos propres souvenirs cinématographiques, notre attitude face aux images violentes, et la manière dont notre imaginaire s’en nourrit.
Marie-Pauline Mollaret
Film français de Hélène Cattet et Bruno Forzani (2025), avec Fabio Testi, Yannick Renier, Koen De Bouw, Maria de Medeiros, Thi Mai Nguyen. 1h27.