Critique

Publié le 27 août, 2025 | par @avscci

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Miroirs N°3

Miroirs N°3

Trente ans de cinéma cette année pour Christian Petzold et à nouveau un film dont on
hésite à dire s’il est très simple ou très compliqué. Une jeune femme taciturne et
mystérieuse fait l’expérience d’une catastrophe, se réfugie par hasard près d’une
famille dont on comprend mal le fonctionnement. Une femme accueillante, son mari et
son fils plus rudes, des secrets mal dissimulés. C’est précisément cette « absence
d’explication » dont parlait Manoel De Oliveira qui attache le spectateur au récit. Récit
porté par quatre comédiens habitués à travailler avec Petzold et qui défendent
ardemment son point de vue poétique et tragique, ancré dans la culture romantique
allemande. C’est une lettre de Kleist qui a inspiré le cinéaste : le poète y racontait une
nuit sans sommeil, la voûte fragile d’un porche observée par lui dans sa promenade
d’insomniaque. À partir de là, Petzold évoque la précarité et les dangers de la vie, la
consolation (illusoire ou pas), la volonté de survivre. Tout cela a l’air très sophistiqué,
mais donne en réalité un film troublant, très accessible et très humain. On sait d’avance
qu’on ne comprendra pas tout, mais on se laisse porter par l’inspiration collective du
réalisateur, des comédiens, du chef opérateur Hans Fromm. Le titre du film fait

référence à une pièce pour piano de Maurice Ravel sous-titrée « Une barque sur l’océan ».
Comme la musique de Ravel, donc, mystère et simplicité.
René Marx
Film allemand de Christian Petzold (2025) avec Paula Beer, Barbara Auer. Matthias
Brandt, Enno Trebs. 1h26.




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