Critique

Publié le 14 août, 2025 | par @avscci

0

La Voie du serpent

La tentation de la France… Le maître Kyoshi Kuosawa l’a déjà eu il y a quelques
années, avec Le Secret de la chambre noire, où il tentait d’adapter son épouvante
feutrée à la langue de Molière. Le résultat témoignait de la manière dont
certains récits, certains plans, ne font sens qu’au cœur de la culture les ayant vu
naître. Le retour de l’auteur chez nous n’était donc pas si attendu, mais le voilà,
avec le remake de l’un de ses vieux films de genre des années 1990. Cette
nouvelle œuvre reprend donc le canevas d’une ancienne, en opérant quelques
changements importants. Paris, bien entendu, mais surtout la nature des deux
personnages, un professeur devenant une psychologue japonaise exilée en France.
Le prétexte reste similaire, sombre histoire de vengeance basée sur un idée si
abominable (des enfants torturés pour un trafic de vidéos snuff) qu’elle en
devient abstraite. Le récit suit une sorte de chaine absurde de la vengeance, où
les cadavres s’accumulent et où la culpabilité se transmet de malfrat en malfrat,
de corps en corps, jusqu’à contaminer bien évidemment les deux vengeurs.
L’humour froid et lucide du réalisateur est toujours aussi effectif, avec cet art
du hors champ qui devient ici une philosophie du regard. Il y a toujours eu, chez
Kurosawa, l’idée que quelque chose se passe nécessairement hors du cadre, hors

de notre vue, hors de notre compréhension : l’horreur, la culpabilité ou autre
chose de plus terrible encore. Le vrai effroi sera toujours au-delà du sens, et le
cinéaste maîtrise ce jeu, aujourd’hui plus que jamais, à la perfection.
Pierre-Simon Gutman
Hebi no Michi. Film franco-japonais de Kyoshi Korosawa avec Damien Bonnard, Ko
Shibasaki, Mathieu Amalric. 1h52.




Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Back to Top ↑