Hot Milk de Rebecca Lenkiewicz
Sous le soleil d’Almeria où ont été tournés tant de westerns-spaghetti, une jeune femme accompagne sa mère handicapée mais castratrice afin d’y consulter un médecin à la réputation flatteuse. Simultanément, elle noue des liens avec une femme qui la fascine par sa liberté. Mais en prenant de l’assurance au contact de cette maîtresse affranchie, elle commence à s’émanciper de la domination maternelle… Hot Milk est l’adaptation d’un roman de Deborah Levy (Éditions du sous-sol, 2024) confié à la scénariste Rebecca Lenkiewicz qui a obtenu d’en être également la réalisatrice. Elle réunit à cet effet trois comédiennes de haute volée : Emma Mackey, révélée dans Eiffel, Vicky Krieps, jamais autant à son aise que quand elle incarne celle par qui le scandale arrive, et Fiona Shaw en tyran domestique. Le film orchestre le rapport de force triangulaire de ces femmes en jouant habilement du contraste entre un décor de carte postale ensoleillée et la noirceur des rapports psychologiques. Au centre de cette toile d’araignée figure une femme qui s’efforce d’échapper à la tutelle de sa mère en succombant au charme vénéneux d’une créature qui porte sa liberté en bandoulière. Rebecca Lenkiewicz applique à cette étude de caractères le fameux “Female Gaze” qui se substitue à un regard masculin trop longtemps unique. Dès lors, Hot Milk orchestre la libération d’une femme sous influence trop longtemps soumise qui passe par sa dérive assumée vers une aventure sentimentale homosexuelle dans un geste de sororité ultime. Un sujet ô combien délicat traité en assumant des partis-pris esthétiques et psychologiques où les gestes et les regards pèsent souvent plus que les mots.
Jean-Philippe Guerand
Film britannique de Rebecca Lenkiewicz (2025), avec Emma Mackey, Fiona Shaw, Vicky Krieps, Vincent Perez, Patsy Ferran. 1h32.