Critique

Publié le 25 juin, 2025 | par @avscci

0

Enzo de Laurent Cantet et Robin Campillo

Enzo l’annonce dès son générique : le film est signé Laurent Cantet, mais c’est Robin Campillo qui l’a réalisé. La raison de cette particularité est simple : le réalisateur (palmé) d’Entre les murs s’est éteint avant même le tournage et c’est celui de 120 Battements par minute qui a repris la main. Mais il est vrai que les deux cinéastes étaient amis de longue date et que le second a collaboré au scénario de nombre de films du premier. Enzo a pour cadre La Ciotat, dont la séduction avait en son temps paru évidente aux frères Lumière. Tout comme L’Atelier, le film précédent de Cantet. Et si les deux films affichent bien des différences, ils ont en commun de mettre en lumière des jeunes, à peine sortis de l’adolescence, qui s’interrogent plus ou moins douloureusement sur le sens qu’ils entendent donner à leur vie. C’est notamment le cas d’Enzo, qui n’a aucune envie de rester lové dans le moule bourgeois que lui proposent ses parents. Son autonomie, il la trouve en se lançant dans une carrière de maçon… Mais le film n’est pas pour autant un précis de sociologie, et c’est d’abord un superbe portrait qui est brossé… Celui d’un adolescent en pleine mutation. Mutation sociale, mutation professionnelle, mutation physique. Car Enzo est aussi un film sur le corps. Un corps abimé par les travaux de maçonnerie, mais malgré tout un corps triomphant, qui s’exhibe volontiers dans les eaux de la piscine parentale, un corps qui se cherche, visiblement admiratif de celui de son compagnon de labeur ukrainien. Cantet est d’ailleurs coutumier du fait, 120 Battements par minute pouvant aussi se voir comme la décrépitude du corps de ses personnages atteints du sida, ce corps au départ objet de désir, de plaisir aussi bien sûr. La sensualité est de fait le maître mot des films de Campillo. Celui-ci ne fait pas exception. A la fois fort et subtil, c’est clairement l’un des grands films du moment…

Yves Alion

Film français de Laurent Cantet et Robin Campillo (2025), avec Eloy Pohu, Élodie Bouchez, Pierfrancesco Favino, Maksym Slivinskyi. 1h42.




Back to Top ↑