Critique

Publié le 25 septembre, 2025 | par @avscci

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Classe moyenne

Classe moyenne

La lutte des classes ne demande qu’à se réveiller. Comme ce jour funeste où une
famille bourgeoise en villégiature dans sa résidence secondaire connaît un léger
différend avec le couple de gardiens qui veille sur sa propriété. Un malentendu
qui va dégénérer en faisant affluer moult haines recuites. Une vieille lune
marxiste que le réalisateur coréen Bong Joon-ho a poussé à son paroxysme dans
Parasite (2019), avec à la clé un succès planétaire qui en dit long sur l’état du
monde. Telle n’est pas tout à fait l’ambition d’Antony Cordier, connu jusqu’alors
pour son humour acide et une empathie communicative pour ses personnages, de
Douches froides (2005) à Gaspard va au mariage (2017). Il émerge donc de sa
zone de confort pour dresser le portrait craché de deux mondes qui coexistaient
dans une sorte de paix des braves tacite et qu’un simple incident va transformer
en guerre totale. Classe moyenne repose sur l’épuisement d’une situation absurde
qui révèle des kyrielles de non-dits et de ressentiments accumulés. Face aux
nantis arrogants que campent Laurent Lafitte et Élodie Bouchez, le couple formé
par Ramzy Bedia et Laure Calamy s’impose comme une évidence réjouissante. Ce
conflit reflète en fait l’état de délabrement d’une société française qui n’a pas
digéré la nuit du 4 août et se gausse de l’abolition des privilèges. Sous ses allures
de comédie grinçante, Classe moyenne pointe du doigt la panne tragique de
l’ascenseur social et les illusions perdues d’un monde polarisé où plus personne
n’arrive à s’écouter. Constat cruel pour un film qui fait rire jaune d’un monde sans
pitié.
Jean-Philippe Guerand
Film franco-belge d’Antony Cordier (2025), avec Laurent Lafitte, Élodie
Bouchez, Ramzy Bedia, Laure Calamy 1h35.




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