Another End de Piero Messina
Un homme hanté par le souvenir de sa compagne morte dans un accident fait appel aux services de la société Another End qui propose une méthode révolutionnaire consistant à insérer l’âme des défunts dans une autre enveloppe corporelle pour lui assurer une permanence éternelle. De ce point de départ ambitieux, le réalisateur italien Piero Messina dont c’est le quatrième long métrage tire un parti qui joue davantage sur la force des sentiments que sur la science-fiction traditionnelle. Dès lors, il faut adhérer sans réserve à son postulat audacieux pour goûter ses développements psychologiques. Le thème éternel du combat éternel d’Eros et Thanatos donne lieu ici à un traitement dramatique et même romantique qui repose pour une bonne part sur la personnalité de ses interprètes recrutés parmi la fine fleur du cinéma international, à commencer par Gael García Bernal et Renate Reinsve, deux comédiens peu rompus à ce type d’univers qui incarnent la puissance de l’amour dans le contexte d’une société déshumanisée. Reste à adhérer au postulat alambiqué de ce film baigné de mélancolie qui repose sur notre croyance en l’existence même de l’âme et sa capacité éventuelle à être transplantée. Mieux vaut donc éviter de se poser trop de questions et passer sur les incohérences pour goûter au plaisir simple de ce qui apparaît avant tout comme une grande histoire d’amour. On en retiendra une ambition peu commune dans un cinéma européen qui semble avoir laissé ce terrain en friche aux Anglo-Saxons et aux Asiatiques, en raison de son inclination naturelle pour la psychologie. Humain, trop humain ?
Jean-Philippe Guerand
Film italo-français de Piero Messina (2024), avec Gael García Bernal, Renate Reinsve, Bérénice Bejo, Olivia Williams. 1h58.