Critique

Publié le 1 juillet, 2025 | par @avscci

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Amélie et la métaphysique des tubes de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han

Jolie idée que d’adapter le roman culte d’Amélie Nothomb, partiellement raconté à hauteur d’enfant, dans un film d’animation lui-même destiné à un public familial, porté par une exubérance de couleurs qui accompagnent et soulignent l’immense fantaisie de l’univers intérieur du personnage principal. Bien sûr, ce que l’on gagne en joliesse et en émotion, on le perd un peu en ironie et en causticité, le film s’avérant moins acéré que le livre, et parfois un peu trop explicatif, la voix-off venant en redondance de l’image. Il y a aussi quelque chose dans le rythme, presque survolté et manquant de respiration, qui modifie fondamentalement la réception que l’on a du récit. Malgré tout, une fois acceptée cette mutation du matériau de départ, la proposition séduit par son travail sur les sensations et sa recherche d’une harmonie avec le vivant dans sa globalité. Cela passe par le contact haptique avec l’herbe mouillée, un voyage à dos de sauterelle, la vision des fleurs qui s’épanouissent dans une gerbe de teintes vives, ou encore un coucher de soleil éclatant de majesté. Maïlys Vallade et Liane-Cho Han tirent le meilleur parti de leur esthétique (aplats de couleurs imitant l’aquarelle et absence de traits de contour, qu’ils avaient déjà expérimenté dans leur collaboration avec le réalisateur Rémi Chayé) pour nous faire embrasser la subjectivité de leur personnage et découvrir à son rythme, et à travers son regard, le monde qui l’entoure. Il plane ainsi sur le film un parfum de nostalgie qui ramène tout un chacun aux souvenirs cotonneux et sucrés de sa petite enfance.

Marie-Pauline Mollaret

Film d’animation français de Maïlys Vallade et Liane-Cho Han (2025), avec les voix de Loïse Charpentier, Victoria Grobois, Yumi Fujimori, Cathy Cerda. 1h16.




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