Critique Cold War de Pawel Pawlikowski

Publié le 24 octobre, 2018 | par @avscci

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Cold war de Pawel Pawlikowski

Enfant prodigue dont le retour fracassant en Pologne a été salué à sa juste mesure avec Ida (2014), Pawel PAWAWLIKOWSKI a décidé de s’attaquer bille en tête à l’histoire de son pays, quitte à exhumer ses vieux démons enfouis. Ses trente-sept années d’exil en Grande-Bretagne et son expérience de documentariste pour la BBC l’ont préparé à administrer un électrochoc à son pays natal écrasé cinématographiquement pendant des lustres par les anciens élèves de l’école de Lodz dont la plupart ont émigré. Couronné d’un très mérité Prix de la mise en scène à Cannes, Cold War se présente comme un tableau en noir et blanc de l’Après-guerre qui vibre au diapason des amours en pointillés d’un musicien de jazz et d’une chanteuse chargés d’assurer la promotion de leur culture au fil d’interminables tournées internationales organisées en pleine Guerre froide qui leur permettent de goûter à l’ivresse de l’Occident et de ses tentations clandestines. Comme dans la plupart de ses films précédents, Pawlikowski choisit de faire passer ses idées à travers des personnages charismatiques qu’incarnent merveilleusement bien Tomasz KOT et Joanna KULIG. Son usage du noir et blanc, ciselé par l’orfèvre Lukasz ZAL, ne relève en aucun cas d’un effet de mode, mais d’un parti pris esthétique assumé qui accroît la puissance de son propos et constitue une sorte d’alternative graphique au manichéisme de cette époque troublée où même les sentiments étaient sous haute surveillance. Difficile de résister à une telle beauté.

Jean-Philippe Guerand

Zimna wojna Film polonais de Pawel Pawlikowski (2018), avec Tomasz KOT, Joanna KULIG, Agata KULESZA. 1h24.

Critique en partenariat avec l’ESRA.




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