Critique

Publié le 18 septembre, 2025 | par @avscci

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La Tour de glace

La Tour de glace

En 2004, Lucile Hadžihalilović a définitivement fixé son esthétique avec
Innocence. Totalement parallèle à la production française, et même mondiale, son
monde est un rêve vu à hauteur d’enfant, où les adultes sont d’autant plus
menaçants qu’ils sont doux en apparence. Son imaginaire, fortement attiré par
l’Europe de l’Est, s’est approfondi avec Nectar, Évolution et Earwig. Sans

surprise, on le retrouve pleinement ici, au prix peut-être d’une légère lassitude.
Elle conte cette fois la relation trouble entre une adolescente orpheline et une
actrice mystérieuse sur le tournage d’une adaptation de La Reine des neiges dans
les années 70. Le pari du film est de tenir sur l’ambiguïté d’un lien parcouru de
pulsions souterraines, un mélange d’attraction et de crainte, un fascinant mais
dangereux emboîtement de personnalités. La réalisatrice fait hélas le choix
d’expliciter les motivations du personnage de Marion Cotillard dans les rares
dialogues du film, empêchant la faille entre les deux héroïnes de s’agrandir tout
du long. Du coup, la tension s’évente légèrement, amenuisant l’inconscient de
l’œuvre. La cinéaste n’en demeure pas moins l’une des plus intéressantes
singularités du cinéma hexagonal. Si Innocence était supérieur, il vaut toujours le
coup de se laisser entraîner par son sens de l’ambiance. L’attention qu’elle porte à
chacun de ses plans leur fait sourdre une délicieuse inquiétude en permanence,
maintenant un certain envoûtement sur le spectateur, comme une invitation à
déambuler dans un cosmos fermé à nul autre pareil.
Tancrède Delvolvé
Film franco-germano-italien de Lucile Hadžihalilović (2025), avec Clara Pacini,
Marion Cotillard, August Diehl, Lilas-Rose Gilberti. 1h58.




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