Dalloway
Dalloway
Yann Gozlan continue à creuser son sillon avec une belle ténacité sur le registre
d’un techno-thriller qui oscille entre fantastique et science-fiction après Boîte
noire (2021) et Visions (2023). S’inspirant du livre de Tatiana de Rosnay Les
fleurs de l’ombre (Robert Laffont, 2020), il relate le séjour d’une romancière en
panne d’inspiration au sein d’une résidence d’écriture. Là, elle doit cohabiter au
quotidien avec une intelligence artificielle baptisée Dalloway, en hommage au
personnage emblématique de Virginia Woolf, laquelle est chargée de subvenir à
ses moindres besoins et a la voix de Mylène Farmer. Cette harmonie de façade
est perturbée par des phénomènes étranges qui cachent des desseins encore
plus inquiétants. Au-delà de son suspense plutôt habile, Dalloway propose une
réflexion intéressante sur la surveillance rapprochée dans un lieu clos propice à
la paranoïa. Cécile de France tient là un rôle comme elle les affectionne et
manifeste une fois de plus son attrait pour les atmosphères délétères et les
phénomènes étranges où elle trouve toujours sa juste place, comme récemment
dans Par amour. Malgré son sujet, le film joue moins sur la surenchère
technologique que sur une accumulation de détails qui prennent leur pleine
signification au fur et à mesure et font apparaître une vérité alternative
particulièrement menaçante. Le propos joue simultanément sur deux tableaux : la
menace que représente l’IA, mais aussi le pouvoir de nuisance sans limites des
rumeurs et autres mensonges propagés par les réseaux sociaux. C’est tout l’enjeu
de ce spectacle solidement ficelé.
Jean-Philippe Guerand
Film franco-belge de Yann Gozlan (2025), avec Cécile de France, Lars Mikkelsen,
Anna Mouglalis, Mylène Farmer (voix) 1h50.