Critique

Publié le 13 septembre, 2025 | par @avscci

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Renoir

Renoir

Voici un film japonais dont le titre intrigue d’autant plus que de Pierre-Auguste Renoir, on n’entreverra qu’une reproduction du Portrait d’Irène Cahen d’Anvers au détour d’un couloir d’hôpital. L’essentiel est ailleurs. L’histoire est celle d’une gamine de 11 ans qui, le temps d’un été, assiste à l’agonie de son père atteint d’un cancer en phase terminale, tandis que le désespoir gagne sa mère, par ailleurs débordée par ses responsabilités. Alors elle se réfugie dans son imaginaire foisonnant, quitte à subir des cauchemars dont la violence la hante. Révélée par un premier film consacré à la fin de vie dans un futur proche, Plan 75 (2022), la réalisatrice nippone Chie Hayakawa s’attache cette fois au vertige d’un jeune esprit face à la mort. Elle situe par ailleurs cette histoire en 1987 pour mieux souligner le caractère autobiographique de son personnage principal. Le ton s’avère volontiers solennel, la vision du monde des adultes par la gamine n’étant jamais flatteuse. Le regard qu’elle porte sur eux se révèle dénué de complaisance et pointe leurs pires travers à travers des séquences oniriques qui finissent par se confondre avec la réalité la plus cruelle. Renoir est indissociable de la performance prodigieuse de sa jeune interprète, Yui Suzuki, que cette épreuve de vérité soumet à un traitement extrême dont elle réussit à trouver l’issue par ses propres moyens. Elle se retrouve seule pour affronter des circonstances vertigineuses et préserver son âme d’enfant. Comme si jouer à se faire peur constituait la plus radicale des épreuves pour son inconscient en ébullition.

Jean-Philippe Guerand Film japono-franco-singapouro-philippino-indonéso-qatarien de Chie Hayakawa (2025), avec Yui Suzuki, Lily Franky, Hikari Ishida, Ayumu Nakajima 1h59. 




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