Connemara
Connemara
Connemara (le clin d’œil à Sardou est volontaire) est une histoire de
retrouvailles. Ils se sont aimés il y a longtemps, elle est partie faire sa vie
ailleurs. Mais elle est revenue, et, alors que son existence est en vrac, elle
renoue avec son amour passé. La trame est classique, et l’on ne compte plus les
films qui lui ont fait honneur (Les Regrets, de Cédric Kahn, Hors-saison, de
Stéphane Brizé, etc.). Reste à trouver un angle, et surtout faire preuve d’une
authenticité qui fait oublier les raideurs potentielles du scénario. Carton plein
pour Alex Lutz, qui filme avec fièvre et nous laisse croire en permanence que
nous sommes au plus près de ses personnages, aptes à saisir leurs moindres
émotions, leurs plus petites hésitations. Et ce qui ne fonctionnait qu’à moitié
dans Une nuit, son précédent opus, centré lui aussi sur un couple, nous happe
cette fois-ci. Il est vrai que Mélanie Thierry et Bastien Bouillon (la première à
fleur de peau, le second presque en retrait, mais sa fragilité n’en est que plus
délicate) sont impeccables. Le film est aussi un tableau de la province, des
Vosges pour être précis (le film est adapté d’un livre de Nicolas Mathieu, dont un
autre roman vosgien avait débouché sur le flamboyant Leurs enfants après eux),
dont il décrit l’ennui sans rechigner. Même si les éclats d’une vie parisienne
apparaissent au final comme un vrai faux-semblant. Le voyage sentimental des
deux personnages est évidemment fait de pentes raides et de faux plats. Mais
sourd de l’ensemble une mélancolie un peu poisseuse qui nous touche et ne nous
laisse pas indemnes.
Yves Alion
Film français d’Alex Lutz (2025), avec Mélanie Thierry, Bastien Bouillon, Jacques
Galblin. 1h52.