Critique

Publié le 22 août, 2025 | par @avscci

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Alpha

C’est une évidence : le nouveau film de Julia Ducourneau était extrêmement attendu
après la Palme d’or de Titane, d’autant plus que son œuvre, croisement entre le genre le
plus cru et le cinéma d’auteur, correspond de manière absolue aux attentes et aux
influences dominantes dans la sphère cinéphile actuelle (The Substance en est la
preuve). Une forme de déception était inévitable, mais le courage de la cinéaste ne peut
être remis en question. Loin de Grave et de Titane, qui commençaient à flirter avec une
forme de recette, Alpha brise la formule et propose une autre approche. Soit un récit
fragmenté, qui multiplie les sauts temporels afin d’aborder un sujet aussi vieux que le
cinéma, la reconstruction d’une image originelle, d’un traumatisme fondateur. Alpha est
également un long métrage post-covid, qui prend place dans un monde ravagé par une
épidémie et donc familier. Le virus transforme ici les gens et statue et peut rappeler
esthétiquement le récent Else. La principale protagoniste est une adolescente qui,
lorsque son frère junkie ressurgit dans sa vie, doit faire face à des souvenirs enfouis. Le
résultat est parfois confus dans sa volonté de mélanger les époques et de se construire
en un jeu de miroirs perpétuel. Mais sa force provient de la restitution fidèle d’une
douleur centrale, primaire, liée aux peurs de l’enfance les plus élémentaires. Ducourneau
se perd parfois et a tendance à envelopper ses propres pulsions dans un arsenal
plastique et narratif peut-être un peu superflu, cachant l’essentiel, la force du
traumatisme et sa reconstitution par la fiction.
Pierre-Simon Gutman
Film français de Julia Ducourneau avec Mélissa Boros, Tahar Rahim, Golshifteh
Farahani. 2h08.




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