Valensole 1965
Les premiers films ont souvent des fondations autobiographiques. Ce n’est pas le
cas de ce premier long métrage de Dominique Filhol (qui n’était pas né en 1965),
qui a choisi de revenir sur un fait divers qui avait alors défrayé la chronique,
quand un exploitant agricole du Vaucluse (producteur de lavande et de miel) avait
déclaré avoir été approché par des extraterrestres. Il y avait bien sûr deux
façons évidentes de traiter le sujet. La première, new age, à base d’images
psychédéliques qui nous auraient ouverts à des mondes parallèles, la question de
la consommation d’herbes interdites ayant pour l’occasion pu être posée. A
l’inverse le film aurait pu appuyer sur un certain folklore, faisant passer les
autochtones pour des allumés pittoresques, notamment quand ceux-ci sont
approchés par des citadins curieux en quête d’insolite. De fait le réalisateur a su
maintenir un équilibre (fragile mais magnifiquement tenu) entre les deux options.
Pour livrer un film digne et attachant, une sorte de Rencontres du troisième type
à la française (avec un budget plus modeste), parcouru par des accents
pagnolesques (dans la description du microcosme villageois) et de vrais moments
d’émotion, quand le paysan visité témoigne de son désarroi. Valensole 1965 est un
film modeste (en termes de production, on l’a dit), mais qui impressionne par ses
atouts. Le scénario est au taquet, les comédiens sont justes… Et les qualités de
metteur en scène de Filhol sont éclatantes si l’on se réfère entre autres à
l’utilisation de la lumière (au matin dans les champs de lavande) ou à la définition
des cadrages. Incontestablement un cinéaste à suivre…
Yves Alion
Film français de Dominique Filhol (2025), avec Matthias Van Khache, Vahina
Giocante. 1h30