Non classé jeunesse

Publié le 12 juillet, 2025 | par @avscci

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Jeunesse (Retour au pays)

Voici donc le pan final de la trilogie-fleuve consacrée par Wang Bing à la
fourmilière d’ateliers de confection de la région de Zhili où s’escrime à la chaîne
une main d’œuvre corvéable à merci qui use sa jeunesse au rythme infernal des
machines à coudre. Comme son titre l’indique, ce troisième pan, plus court que les
précédents, Jeunesse (3h35) et Les Tourments (3h46), insiste sur la vie
alternative de ces esclaves modernes qui s’échinent pourtant dans des conditions
misérables avec du matériel archaïque et dans une hygiène toute relative. Une
fois la saison terminée, ils repartent dans les montagnes du Yunnan où les
conditions de vie sont… moyenâgeuses. Là, les traditions ancestrales se
perpétuent. Alors quand l’enfant prodigue est de retour, c’est toute sa famille
qui vit sur son salaire, péniblement extorqué préalablement à un patron lui-même
aux abois. Wang Bing filme là le lumpen prolétariat chinois qui travaille sans
doute sans le savoir pour la Fast Fashion et fait tourner cette industrie de
masse de la machine économique du pays à l’usage des marchés occidentaux.
Pendant ce temps-là, dans les villages d’où vient cette main d’œuvre à bas coût,
c’est le pays d’avant qui subsiste, à l’écart du boom économique. Une population
qui croupit parmi des coutumes d’un autre temps et se divertit d’un mariage
traditionnel ou d’un feu d’artifices, sans se soucier de marcher dans la boue à
défaut de disposer d’équipements routiers dignes de ce nom. Cette fresque
documentaire tournée sur un temps long avant même la pandémie de Covid-19 est
un formidable voyage au bout de l’enfer.

Jean-Philippe Guerand

Qingchun: Gui. Film documentaire luxembourgo-franco-néerlandais de Wang Bing
(2024) 2h32.




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