Life of Chuck de de Mike Flanagan
Mike Flanagan et Stephen King ! L’alliance entre l’auteur de Carrie et celui de The Haunting of Hill House laisse bien évidemment imaginer un film de genre dominé par l’effroi le plus pur. Mais les deux artistes déjouent les attentes pour livrer un étrange objet, croisement entre un récit fantastique et mélodramatique, difficilement définissable en quelques mots. La narration s’opère en deux mouvements, l’un décrivant une brutale et rapide fin du monde, l’autre se concentrant sur Chuck, un comptable qui voit sa vie écourtée par le surgissement d’une tumeur au cerveau. Le lien entre ces deux segments, en apparence très disjoints, va apparaitre lentement, telle une métaphore cinématographique de la mort inéluctable de tout un chacun. La vie de Chuck, comme indiqué, devient vite le vrai centre du long métrage, y compris dans sa partie apocalyptique. Le film se révèle finalement être un hommage en trompe l’œil à la vie d’un homme simple, néanmoins complexe et multiple, comme tout être humain. L’idée est belle, bien menée malgré sa narration compliquée en forme de poupées russes. Mais le dispositif, malin, sophistiqué, menace souvent de dévorer l’œuvre, son propos, son émotion potentielle. Certains personnages, certaines situations, n’étant que des prétextes de nature symbolique, une forme de vide peut être ressenti devant ce long métrage qui, tout à sa métaphore centrale si futée, oublie parfois de regarder et de faire vivre ses protagonistes, Chuck en premier.
Pierre-Simon Gutman
Film américain de Mike Flanagan (2025), avec Tom Hiddelston, Mark Hamill, Chiwetel Ejiofor. 1h51.