Mission : impossible – The final reckoning de Christopher McQuarrie

Huitième avatar en trente ans des aventures d’Ethan Hunt, réalisé pour la cinquième fois par Christopher McQuarrie, interprété et produit, et donc controlé par l’inoxydable Tom Cruise, ce « final reckoning » (Dernier calcul ? Jugement dernier ? Ultime navigation ?) est une belle leçon de cinéma. En effet, à partir d’une décision intelligemment opportuniste (le héros n’a plus aujourd’hui comme ennemi que l’Intelligence Artificielle élevée au rang de superpuissance absolue), on nous raconte l’histoire éternelle de Superman-seul-sauveur-de-l’humanité. Ça n’a évidemment, du point de vue de la vraisemblance, de la pensée politique, de la pensée tout court, ni queue ni tête. Et d’ailleurs on ne comprend pas tout dans cette pétarade de 169 minutes. Mais que ce soit privé du moindre sens n’a aucune importance. Ce qui compte, depuis que le roman-feuilleton existe, c’est l’excitation bienfaisante d’un public à qui on sert sans fin toutes les combinaisons possibles de l’exploit surhumain, du petit homme seul capable de vaincre la pesanteur, le froid, la méchanceté, les limites du temps, de la température, de l’asphyxie, de l’espace et de la soixantaine (soixante-trois ans même pour Thomas Cruise Mapother IV, le 3 juillet prochain). C’est le très grand plaisir, sans mélange (et tant mieux) qu’on éprouve à assister à ce feu d’artifice. Va-t-on encore nous servir, pour la millième fois, le récit du succès décisif et in extremis du bonhomme Hunt ? Oui, et ça marche encore, et on s’en émerveille simplement, parce qu’il existe au cinéma la possibilité de s’émerveiller encore pour des rebondissements infinis, vus mille fois et qui plaisent toujours. Qui font rire enfin, parce que ce qu’on n’a pas assez dit que les deux complices, Cruise et McQuarrie, avec leurs 350 millions de dollars de budget (et un bénéfice à venir bien supérieur) ont aussi un vrai sens de l’humour, de la distance, du second, du troisième, du quatrième degré. Tom Cruise, grand acteur burlesque, héros aussi du slapstick ? C’est tout à fait possible.

René Marx

Film américain de Christopher McQuarrie (2025), avec Tom Cruise, Simon Pegg, Hayley Hatwell, Angela Bassett, Esai Morales. 2h49.