13 jours, 13 nuits de Martin Bourboulon
Après avoir signé à la suite deux fresques historiques plus (Les Trois Mousquetaires) ou moins (Eiffel) romancées, Martin Bourboulon persiste dans un cinéma qui ne manque ni d’ambition ni d’ampleur, mais au sujet très contemporain, puisqu’il s’agit ici des retracer les quelques jours (et nuits) pendant lesquels, en août 2021, l’ambassade de France à Kaboul a été évacuée alors que les talibans tenaient déjà la ville. Il y a bien sur quelques belles scènes d’action dans le film, mais le ressort premier est cette tension permanente alors que le sort des centaines de réfugiés (Français ou non) de l’ambassade ne tient qu’à la bonne volonté (fluctuante et indéchiffrable) des insurgés islamistes et au sang-froid des (maigres) troupes françaises. A la tête desquelles se trouve un officier d’origine maghrébine à la veille de la retraite, interprété avec maestria par Roschdy Zem. Qui incarne un certain Mohamed Bida, dont les souvenirs ont été consignés dans un livre qui a servi de fondation au scénario du film. On sent bien d’ailleurs que les nécessités de la fiction n’ont pas du tout étouffé le désir de rendre compte de façon précise des riches heures de l’événement. On ne peut pas ne pas frémir à la mort de cette jeune recrue américaine berçant un bébé afghan quelques heures avant d’être victime d’un attentat (les images de la vraie recrue sont affichées lors du générique de fin). Le monde n’a pas fini d’être en ébullition, et le cinéma n’a pas renoncé à en parler. 13 Jours, 13 Nuits pourra bientôt se ranger derrière Les 55 Jours de Pékin ou Paris brule-t-il pour en témoigner…
Yves Alion
Film français de Martin Bourboulon (2025), avec Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen, Christophe Montenez. 1h52.