Critique

Publié le 16 décembre, 2023 | par @avscci

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Winter Break d’Alexander Payne

Il y a depuis des années, un probable malentendu autour d’Alexander Payne, malentendu qui en dit peut-être plus encore sur l’état actuel du cinéma américain. En effet, sur la foi de son premier long métrage, et d’autres œuvres suivantes telles que Sideways, Payne est considéré à Hollywood comme une sorte de cinéaste indépendant, à la Cassavetes, parce qu’il ne réalise pas de films d’action ou d’aventures, ou que ses comédies douces amères reposent sur des mécanismes un peu sophistiqués. Mais, dans les faits, Payne aurait été parfaitement à l’aise dans le Hollywood commercial des années 50 ou 60. Ses film sont également des machines, parfaitement huilées et dosées, entre rire et larmes, aptes à toucher à peu près tous les publics, et donc tout à fait compatibles avec des superstars, Clooney et Nicholson ne s’y étant pas trompés. Winter Break en offre une démonstration évidente. Payne y retrouve Paul Giamatti, pour nous entraîner dans un récit aux bons vieux airs de Scrooge ou de Grinch : soit un vieux professeur irascible, d’un lycée/pensionnat privé qui, dans les années 1970, se retrouve coincé avec un élève rebelle durant les vacances d’hiver. Le jeu de Giamatti et une certaine subtilité de l’écriture sont mis au service d’un film qui est, avant tout, un bon vieux récit de Noël, avec rédemption et découverte de l’autre à la clé. Une possible comparaison peut être faite avec Green Book, qui avait récolté tous les suffrages en livrant avec un peu de finesse un autre récit de Noël. Winter Break apparaît comme une incongruité dans le monde des Marvel et Barbie, mais il est simplement la résurrection d’un art américain efficace et humain, ce qui n’en fait guère une œuvre révolutionnaire, mais un excellent film de familles ; ce qui est de nos jours, nous sommes bien d’accord, déjà beaucoup.

Pierre-Simon Gutman

Film américain d’Alexander Payne (2023), avec Paul Giamatti, Dominic Sessa, Da’vine Joy Randolph. 2h03.




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