Critique

Publié le 14 mai, 2024 | par @avscci

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When Evil Lurks de Demian Rugna

Ce n’est désormais plus vraiment un secret : le genre (surtout le thriller et l’épouvante) a connu un étonnant regain en devenant une sorte véhicule privilégié, pour les jeunes auteurs, utilisé afin de distiller, dans une forme plus abordable pour le public, des idées, des concepts, des approches parfois très radicales. D’où la capacité de ces récits de terreur) à faire éclore avec régularité la fine fleur internationale des jeunes cinéastes. C’est cette fois d’Argentine qu’en parvient la dernière preuve, après un passage fort remarqué par le festival de Gérardmer. Nouveau film d’un cinéaste, Demian Rugna, déjà repéré pour plusieurs essais horrifiques, When Evil Lurks réduit jusqu’à l’abstraction son postulat de départ, basé sur la découverte d’un homme mourant possédé en pleine campagne, et de la contamination aux alentours de ce mal. Sur ce postulat simple, Rugna pose avec maîtrise la réalité de paysans bousculés par un fantastique qui ne semble même pas choquer leur quotidien, ou leur vision du monde. Rugna joue avec un non-dit perpétuel sur le passé des protagonistes, l’étendue de leur intimité avec le mal, et rend ainsi palpable l’idée d’une horreur omniprésente et indicible, rongeant la société sans un bruit depuis des années. Ce malaise sous-jacent, qu’on peut également envisager comme politique, est porté par une approche brutale mais aussi esthétique de l’horreur, confrontant les héros à des monstres qui ne sont, finalement à chaque fois, que le pire d’eux même et des autres.

Pierre-Simon Gutman

Film argentin de Demian Rugna (2024), avec Ezequiel Rodriguez, Luis Ziembrowski, Silvina Sabater. 1h39.




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