Critique Vaurien de Peter Dourountzis

Publié le 9 juin, 2021 | par @avscci

0

Vaurien de Peter Dourountzis

Des tueurs de dames, le cinéma en a souvent mis en scène. Djé, le personnage énigmatique de Vaurien échappe à tous les stéréotypes. C’est un jouisseur qui a décidé de s’affranchir des normes et de ne rien se refuser quand sa libido s’emballe. Derrière son sourire carnassier, affleure une âme noire. Et quand il jette son dévolu sur une femme, il la réduit à sa merci d’un simple regard. Pour son premier long métrage, auréolé du label Sélection officielle Cannes 2020, Peter Dourountzis n’a pas choisi la facilité. Son approche est davantage celle d’un comportementaliste que d’un psychologue. Jamais il n’essaie de justifier l’attitude de ce hors-la-loi qui avance sans mobile apparent pour profiter des avantages d’une société au sein de laquelle il refuse de s’intégrer. Chacun de ses forfaits est un crime parfait dans la lignée de l’acte gratuit célébré par André Gide à travers le personnage de Lafcadio des “Caves du Vatican”, tant rien ne le lie à ses proies. Vaurien est l’aboutissement d’un long cheminement pour son réalisateur qui a étudié à l’ESRA avant de se consacrer pendant quinze ans au Samu Social. Une immersion qui lui vaut d’éviter les clichés sur la marginalité à travers ce personnage masculin libre comme l’air que le séduisant Pierre Deladonchamps campe avec une économie d’effets remarquable. La mise en scène se positionne au diapason en refusant à la fois de glorifier ce protagoniste, de s’attarder sur ses crimes et de mettre en scène une enquête policière traditionnelle. Difficile de ne pas ressentir un malaise sourd à ce portrait d’un être profondément amoral.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Peter Dourountzis (2020), avec Pierre Deladonchamps, Ophélie Bau, Sébastien Houbani 1h35.




Back to Top ↑