Critique

Publié le 24 mars, 2024 | par @avscci

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Vampire Humaniste cherche suicidaire consentant d’Ariane Louis-Seize

On croyait tout savoir des suceurs de sang et de leur tradition. C’était compter sans la réalisatrice québécoise Ariane Louis-Seize (quel beau patronyme !) qui revisite cette bonne vieille tradition sous un angle très insolite. Née dans une tribu digne de la famille Addams qui assume ses responsabilités, Sasha n’éprouve pas la moindre envie de perpétuer la tradition et de planter ses canines dans le cou de victimes innocentes et aléatoires. Jetée à la rue, elle est tiraillée entre la nécessité d’assurer sa survie immédiate et son refus de mordre qui la condamne à plus ou moins brève échéance. Un heureux hasard la met toutefois en contact avec un jeune homme qui souhaite mettre fin à ses jours. Ces deux-là semblent donc faits pour s’entendre et résoudre ensemble leurs cas de conscience respectifs. Couronné de quatre prix à la dernière Mostra de Venise, ce film s’impose par la personnalité de son personnage principal féminin à travers lequel la réalisatrice se livre à une réflexion malicieuse sur l’âge ingrat. Elle dispose pour cela d’une interprète idéale en la personne de Sara Montpetit, brunette révélée par Charlotte Le Bon dans Falcon Lake qui a incarné entre-temps un rôle incontournable du répertoire local dans Maria Chapdelaine. Combinant le trouble de l’un et le romantisme de l’autre, elle joue ici sur les deux tableaux au diapason. Avec en filigrane un discours féministe de circonstance qui passe par une simple aspiration au bonheur combinée avec un besoin de rupture. Comme quoi l’esprit de subversion peut parfois s’avérer plus fort que la tradition la plus tenace.

Jean-Philippe Guerand

Film canadien d’Ariane Louis-Seize (2023), avec Sara Montpetit, Félix-Antoine Bénard, Steve Laplante, Sophie Cadieux 1h30.




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